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LA PRECARITE MENSTRUELLE : UN FACTEUR D’INEGALITE FACE A L’EDUCATION

LA PRECARITE MENSTRUELLE : UN FACTEUR D’INEGALITE FACE A L’EDUCATION

By Xaleyi in Actualités, Non classé on 2 avril 2020

  • LES MENSTRUATIONS : UN SUJET TOUJOURS TABOU

Les menstruations sont considérées comme un sujet tabou dans de nombreuses sociétés à travers le monde, bien qu’elles soient un élément naturel important de la biologie féminine. Pendant les menstrues, les filles et les femmes sont souvent considérées comme « sales » ou « impures » et le plus souvent obligées de subir un isolement forcé, une mobilité réduite, des restrictions alimentaires, voire une interdiction de mener certaines activités. Cette représentation négative et tabou des règles peut engendrer auprès des jeunes filles et des femmes un sentiment de gêne, de honte ou encore de peur chez certaines femmes et certaines filles.

Pourtant, une bonne gestion de l’hygiène menstruelle est un gage de meilleure santé pour les femmes et les filles du monde entier.

Or, cette question est trop peu abordée, aussi bien dans les politiques publiques que dans la recherche sur les secteurs de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement (EAH), de la santé et de l’éducation.

  • LA PRECARITE MENSTRUELLE : QU’EST-CE QUE C’EST ?

La précarité menstruelle est caractérisée par la difficulté ou le manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques.

Elle a pour origine le manque d’information ou le manque de système de prise en charge adapté comme par exemple le coût élevé des protections hygiéniques.

Aussi :

  • Une femme sur dix ne pourrait pas avoir accès à ces produits dans le monde
  • Et près de 500 millions de femmes dans le monde vivraient dans la précarité menstruelle.

Dans de nombreux pays du monde certaines jeunes filles s’abstiennent d’aller à l’école durant leurs règles car elles ne disposent pas de protections hygiéniques. Elles manqueraient jusqu’à 145 jours d’école de plus que leurs camarades masculins, instaurant une inégalité face à l’éducation entre hommes et femmes dès le plus jeune âge.

Au Sénégal, les serviettes hygiéniques jetables ou à usage unique sont le type de protection le plus utilisé pendant les menstrues. Cependant, des méthodes alternatives sont mises en place afin de palier a cette précarité menstruelle.

En effet, sur le continent africain, les méthodes traditionnelles de gestion menstruelle sont généralement basées sur le tissu (par exemple sur des chiffons).

Au Sénégal, les femmes ont également pour habitude d’utiliser comme alternative les tissus réutilisables, elles estiment que c’est un moyen « sûr et hygiénique ». Le lavage des protections hygiéniques réutilisables s’effectue généralement au savon et avec du sel.

Cependant ces méthodes rendent parfois inconfortables les protections réutilisables. Le tissu peut devenir irritant, démanger ou même mener à des infections qui peuvent parfois être mortelles.  

Enfin, lorsque pour un certain nombre de raisons (par exemple, le manque de savon ou d’eau pour se laver, l’impossibilité de sécher pendant la saison des pluies ou l’incapacité de se payer un nouveau linge), celles-ci ne sont pas disponibles, les femmes et les filles se tournent vers d’autres options telles que le papier journal, le rembourrage utilisé pour les matelas (qui peuvent être insérés dans le vagin), les feuilles ou herbe sèches, ou même la bouse de vache.

Ces solutions ne sont pas optimales et peuvent, elles aussi, être nocives pour la santé.

  • L’INEGALITE FACE A L’EDUCATION

La précarité menstruelle est un facteur important de déscolarisation des filles et des femmes.

En effet, selon un rapport de l’Unicef[1], 56% des sénégalaises indiquent qu’elles ont déjà manqué l’école pendant la période de menstruation.

Elles peuvent manquer l’école en raison de la douleur ressentie lors des règles mais certaines indiquent se sentir mal à l’aise et obligée de rester chez elles.

Pendant cette période, certaines filles ont du mal à se concentrer. Et, lorsqu’elles sont sollicitées par l’enseignant.e, près un tiers des filles sénégalaises disent se sentir mal à l’aise.

Les deux autres tiers décrivent ressentir des émotions positives et ce en partie grâce à l’utilisation des produits distribués.

Enfin, le manque d’infrastructures au sein des écoles est un facteur important de cette inégalité en raison de leur inadaptation aux besoins des filles et des femmes en période de menstrues et par exemple : absence de toilettes séparées, absence d’eau courante, absence de poubelles, etc

Les infrastructures liées à l’eau, l’hygiène et l’assainissement sont en effet insuffisantes, voire inexistantes dans les espaces publics, notamment dans les écoles, les marchés et les lieux de travail. Lorsqu’elles existent, plusieurs filles et femmes ont déclaré que ces infrastructures ne procuraient pas un cadre convenable à une toilette intime pendant les menstruations, soit en raison de leur insalubrité, soit en raison de leur insécurité.

Le manque d’infrastructures, le malaise, la gêne ou l’inconfort poussent donc les jeunes filles à manquer plusieurs jours de cours et amènent parfois à une déscolarisation totale, induisant dès le plus jeune âge une inégalité entre les filles et les garçons.

  • QUELLES SOLUTIONS POUR LUTTER CONTRE LA PRECARITE MENSTRUELLE ?

Les menstruations ainsi que la précarité menstruelle ne doivent pas principalement être considérés comme des problèmes uniquement féminins, ni être traitées comme un sujet tabou.

En effet, les menstruations nous amènent à aborder d’autres thématiques d’ordre environnemental, écologique, économique et de santé publique telles que l’accès à l’eau, l’hygiène, la santé, l’éducation et la pauvreté.

Les protections hygiéniques sont en effet souvent difficiles à trouver dans les zones reculées et rurales.

L’importance de lutter contre les menstruations est reconnue depuis peu à travers le monde induisant la mise en œuvre d’initiatives intéressantes et utiles afin d’améliorer la situation.

Ainsi, en 2017, le gouvernement kenyan a adopté une loi accordant aux écolières des serviettes jetables gratuites afin de lutter contre l’absentéisme. Pour ce qui est du Sénégal, l’association franco-marocaine Be HAPPIH (Humanitarian Action for Protection and Preservation of Intimate Hygiene) lancera une campagne de sensibilisation, de formation et de distribution qui débutera le 28 mai 2020au et prendra fin le 9 juin 2020. Elle se tiendra à de Dakar, Sedhiou, Tanaf, et Niagha. Le but sera de développer l’accès au matériel indispensable à une hygiène intime efficace afin de prévenir de potentielles maladies et infections. Mais aussi de sensibiliser les jeunes filles et leur entourage à l’importance d’une bonne hygiène intime et à une bonne utilisation du kit d’hygiène intime. Enfin, l’association formera les jeunes filles mais aussi les employé.e.s des structures les accueillant et les membres d’associations locales partenaires à devenir eux-mêmes formateurs, de façon à ce qu’ils puissent partager à leur tour les informations qui leur auront été transmises. Un tel programme permettrait à la fois d’améliorer les conditions d’hygiène intime des jeunes filles et de lutter contre l’absentéisme dans les écoles des régions ciblées.

De nombreuses organisations ont commencé à inclure des initiatives de lutte contre la précarité menstruelle dans leurs programmes. Leurs « kits de dignité » comprennent désormais des produits menstruels jetables ou réutilisables. Cependant les initiatives mises en place n’ont pas encore fait leurs preuves puisque ces actions restent marginales. Fournir des serviettes lavables et biodégradables pourrait être une solution plus pérenne. Par ailleurs, il faudrait sensibiliser et éduquer les filles dès leur plus jeune âge afin de lutter contre cette précarité menstruelle. Mais surtout créer des toilettes séparées pour les garçons et les filles, ou améliorer les infrastructures existantes afin que les filles et les femmes se sentent plus à l’aise durant cette période.



[1] Données datant de 2017.


 

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